"Traviata et nous" (réalisé par Philippe Béziat) se déroule dans les coulisses du montage de "La Traviata", l'opéra célèbre de Verdi, exécuté pour le festival de l'été de Aix-en-Provence en 2011 (mise en scène de Jean François Sivadier, direction musicale de Louis Langrée, avec Natalie Dessay, Ludovic Tézier, Charles Castronovo). Au premier regard cet film ressemble um type de "making of". Em effet, le montage de cet opéra est déjà disponible pour l'achat en DVD. Pourtant, Béziat veut mettre de côté ici l'oeuvre théâtrale pour fixer un profond regard dans la structure qui permet sa naissance.
Quelle belle idée ! On parle de "La Traviata" que tout le monde connait depuis une centaine d'années, pas seulement par ces représentations au théâtre, mais aussi par la commercialisation des vinyles, CDs et DVDs qui présentent l'oeuvre entière ou ses arias plus connues. Rappelez-vous d'une Julia Roberts mouillée de larmes en entendant "Amami Alfredo" ("Pretty Woman", 1990), ou d'un Ray Milland ivre dont les yeux suivent désespèrés les verres pendant l'aria "Libiamo ne' lieti calici" ("The Lost Weekend", 1945) ?
Dessay et Castronovo sont Violeta et Alfredo |
Quand Philippe Béziat décide de comprendre le processus de création de "La Traviata" de Aix-en-Provence, il souligne l'intérêt intellectuel de cet opéra déjà tellement connu. "La Traviata" est une oeuvre de grand spectacle adaptée par Verdi à partir d’un des grands succés littéraires et théâtrales du XIX siècle, "La Dame aux Camélias", de Dumas Fils. On parle d'un opéra produit par des théâtres dont les pièces étaient présentées parmi le brouhaha des foules. À ce moment-là, la chose la plus importante était le décor et la voix ; et donc la gesticulation et des cris exagérés des chanteurs.
Béziat souligne l'effort de Sivadier de fixer l'attention sur les détails : son choix de réduire des décors, de multiplier les symboles et de permettre à Natalie Dessay de réussir à créer une Violeta dont le visage parle autant que la voix. Cela est montré dans le documentaire par l'utilisation des "close ups" quand l'actrice est en train de vivre le plus intensément son personnage : le mouvement de ses yeux, les mains qui caressent le cher corps imaginé de son Alfredo, né d'un bouquet de fleurs oublié au milieu de la scène. La voix, la chose la plus importante dans l'opéra, devient ici un élément de création parmi les autres.
Le documentaire essaye d'élucider la mise en scène qui rend possible le résultat final. Mais on ne voit pas ce résultat là. Ce film prend le théâtre pour faire du cinéma. L'épreuve de ce désir est l'utilisation, chez "Traviata et nous", d'une séquence dans laquelle de petits fragments de la mort de Violeta prises dans les répétitions se suivent : métaphores du cinéma, fait de la répétition, par opposition au théâtre, auquel la chose la plus importante est le geste final, parfait.
Violeta apprend à faire son Alfredo devenir présent |
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